Un village Gaulois en Patagonie chilienne
- Geoffroy & Claire
- 2 mai 2019
- 3 min de lecture
Après quelques pérégrinations près des Lagos Villarica et Ranco, nous arrivons dans la ville d’Osorno.
Nous y retrouvons Christian et Olivier Porte, chez qui nous allons faire notre volontariat tant attendu dans les vignes.
Au cours des 30 minutes de route, nous apprenons l’histoire du domaine dans lequel nous nous rendons. Une histoire qui lie deux frères venus vivre une aventure au Chili il y a 40 ans.
D’abord comme cow-boys, puis comme mineurs et enfin dans le commerce du bois, les deux frères ont passé leurs vies côte à côte. Aujourd'hui, ils dirigent une scierie à Osorno et vivent depuis l'an 2000 dans une propriété surplombant la vallée du Rio Bueno. Des pieds de vigne sauvage poussent sur le campo, un bon indice pour Christian et Olivier. En effet, les deux frangins ne sont pas fâchés avec le pinard et décident de planter de la vigne sur les coteaux de leur propriété.
Après quelques années, les premiers raisins voient le jour. Il faut dire que l’endroit y est propice. Pas de mildiou et peu d’oïdium, un grand ensoleillement, des sols n’ayant pas connu la chimie et surtout pas de phylloxera. Les 3ha de Pinot noir sont plantés en franc de pied.

Les deux frères s’essaient ensuite à la vinification de ces raisins. Ils nous racontent, avec un sourire jusqu’aux oreilles, qu’il fallait être courageux pour finir son verre. Ils font appel à un pionnier du vin nature au Chili : Louis-Antoine Luyt. Le vin s’en trouve grandement amélioré pour le plus grand bonheur de Christian, Olivier, et surtout leur entourage !
En 2011, arrive Quentin Javoy, un jeune volontaire envoyé par Louis-Antoine. C’est lui qui est aujourd’hui responsable du vignoble et de la production des vins des « Coteaux de Trumao ». Cela fait maintenant 8 ans qu’il alterne les vinifications au Chili et en France, dans le domaine de ses parents situé dans la vallée de la Loire.
Nous sommes reçus dans une cabana construite spécialement pour les volontaires accueillis par les familles Porte. Après un mois passé sous la tente, quel confort !

Nous sommes restés un mois à Trumao. Tous les jours, nous travaillions avec Quentin et Amandine. Nous avons découvert une façon différente de penser le vin et le travail avec la nature auprès de ce couple passionné par la viticulture et la biodynamie. Nous partagions également notre quotidien avec Léandre, le petit frère de Quentin, et Etienne, un sommelier toulousain. Une belle équipe avec laquelle nous avons bien ri et bien travaillé.
Nous sommes arrivés avant le début des vendanges. Nous avons donc eu l’occasion de découvrir les autres activités du campo. Notamment la fabrication du cidre local, appelé la « chicha » au Chili. Une boisson gouleyante mais attention, une consommation excessive est nuisible au transit intestinal ! Nous avons également eu l’occasion de goûter les distillats locaux, issus d’une multitude de fruits du jardin. Rien n’est perdu et les alcools non-consommables (dit le « qui rends aveugle » dans les tontons flingueurs) est recyclé en lave vitre pour la voiture.

La seconde semaine d’avril, nous avons débuté les vendanges. Tout est fait à la main, même l’éraflage. Nous vous passons les détails techniques, mais l’expérience fut très enrichissante car radicalement différente des processus que nous connaissions. Au cours des heures d’éraflage, nous apprenons le vocabulaire local avec nos amis Lizardo et Alberto. Un peu graveleux mais universellement efficace.
Nous avons également partagé de beaux moments durant les week-ends avec les familles de Christian et Olivier. Nous étions conviés dans le campanario pour diner. Le campanario est une grande maison en bois, construite de manière circulaire autour d’un foyer ou grillaient les viandes et les poissons destinés à nos festins. Nous avons eu la surprise de découvrir que nous connaissions bien le jeu de comptoir national : le « cacho » (dit le Perudo en France pour les initiés). Autour de ce comptoir, nous découvrons les nombreux projets des deux frères. Ils souhaitent tendre vers l’autosuffisance alimentaire. Cet idéal les a conduits vers la création d’un poulailler, de ruches, de vergers et de potagers. Auprès d’eux, nous découvrons un mélange de culture chilienne et française passant de l’agneau à la broche à la pétanque puis du vin rouge au congrio (le congre chilien).

Nous quittons Trumao après le week-end de Pâques, durant lequel nous fûmes généreusement invités par les familles Porte. Un peu nostalgiques des moments en famille, nous étions contents de vivre cette fête avec eux. Nous poursuivons notre route vers Mendoza, avant de rejoindre le nord de l’Argentine.

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