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Le monde des Mochileros

  • Geoffroy & Claire
  • 23 janv. 2019
  • 4 min de lecture

(J16-J18)

Après cinq jours à Ushuaïa, nous décidons de rejoindre El Calafate en auto-stop.

Nous commencions un périple de 900km, parmi ceux que les Sud-Américains nomment "Mochileros". Un surnom tiré du mot "mochila" qui signifie "sac à dos".

Première étape (Ushuaia - Rio Grande) 219km:

Équipés de notre maison sur le dos, nous levons le pouce près d'un rond point et la chance nous sourit rapidement. Deux copains nous emmènent jusqu'à la ville suivante. Ils nous font découvrir le maté. La première gorgée a des saveurs de jus de foin. Puis, plus on en boit, plus on aime ça! Nous en buvons maintenant tous les jours.

Ils nous déposent à Tolhuin où nous organisons un festin au bord de la route : une demie tranche de jambon et une banane.

Il y a quelques autres muchileros, nous patientons en improvisant une pétanque avec des galets, persuadés d'avoir quelques heures devant nous. Pourtant, nous sommes partis les premiers! Bonnes têtes ou coup de chance ? Difficile de l'expliquer mais c'est agréable.

Nous arrivons à Rio Grande. Le soir, après une petite escroquerie de la part d'un taxi, nous étions dans la "pampaotopdelaforme". Au milieu de nul part, en marchant contre le vent, nous rencontrons un couple de français : Romain et Margot. Nous bavardons avec eux avant de continuer à avancer. Il est beaucoup moins facile de trouver une voiture pour quatre.

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Une soirée en Terre de Feu

Alors que la nuit tombait, une clio klaxonne et des bras s'agitent par les fenêtres. A bord, il y avait nos deux copains-triotes.

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Fabian, notre chauffeur providentiel, nous a reçu chez lui et offert un dîner. Il nous a ensuite invité à passer la nuit dans sa "maison de plage", un container ingénieusement aménagé au bord de la mer. Quelle leçon... Dire que je ne partage même pas un pépito avec mes covoiturages blablacar.

Nous passons la soirée avec la famille de Fabian, Romain et Margot. Ces derniers voyagent depuis plus de deux mois, ils nous racontent leurs anecdotes et nous donnent quelques précieux tuyaux. C'était une soirée assez extraordinaire.

Deuxième étape (Rio Grande - Rio Gallegos) 375km:

Le lendemain, encore grisés des beaux moments que nous venions de passer, nous retournons au bord de la route.

Après 3h d'attente, nous avions autant d'espoir que François Hollande à la fin de son mandat. Pourtant un camion s'arrête, il nous propose de nous emmener jusqu'à la frontière chilienne.

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L'Océan à Rio Grande

Nous sommes ravis ! Dans un espagnol approximatif, nous parlons du maté que nous avions découvert la veille. Martin, le chauffeur, gare son camion sur le bas côté et sort une bouteille de gaz qu'il allume dans la cabine. Il fait bouillir de l'eau et nous partageons cette bonne infusion de pelouse avec lui. Lorsque nous arrivons à la douane, Martin nous offre sa tasse ainsi que son herbe. Quel cadeau précieux ! Nous décidons de partager cette infusion avec tout nos futurs conducteurs.

Arrivés à la douane, nous constatons qu'une dizaine de muchileros attendent un transport pour passer la frontière. Une jeune femme, soigneusement sertie d'un anneau dans le nez, rejoint le lieu que nous avions choisi pour attendre. Après les politesses d'usage, elle patiente à quelques mètres de nous. Un camion s'arrête, et "top à la vachette" elle se précipite vers la porte du camion en nous disant "il n'y a qu'une place !". Malgré les quelques mots fleuris qui nous viennent en tête, nous restons relativement calme. Nous avons rejoint un monde de hippie, donc on est gentils !

4h plus tard, un couple s'arrête pour nous emmener à Rio Gallegos. Nous traversons la partie chilienne de la Terre de Feu. Dans de grandes étendues de prairies, nous observons quelques cabanes, perdues dans les milliers de kilomètres carrés de pampa. Les principaux habitants de ces pâtures désertiques sont des "guanacos", le lama local.

Troisième étape (Rio Gallegos - El Calafate) 306km:

Nous partons pour une dernière journée de voyage, ravis de nos aventures passées. Une première voiture nous emmène jusqu'à un commissariat à la sortie de la ville. Onnous dit que c'est un bon endroit pour trouver une voiture vers El Calafate. En arrivant au poste, un agent nous emmène dans un bureau. Il nous demande nos passeports. En les lisant, il s'exclame "Ah des français, alors vous avez gagné la coupe du monde ?"

Ne tenant pas à entrer dans un concours de virilité avec trois flics qui retenaient nos passeports, je lui répond de manière évasive que l'Argentine a une belle équipe. Ils nous remettent nos papiers et nous allons attendre une voiture à l'extérieur du commissariat. Les policiers sont extrêmement bienveillants à notre égard. Ils nous offrent de l'eau chaude pour notre thermos. Ils s'intéressent à notre voyage. Enfin, ils nous informent qu'ils se chargeront de nous trouver une voiture à destination d'El Calafate. Avoir une équipe de policiers de son côté, c'est assez efficace. Quinze minutes plus tard, nous roulions avec Luis en direction du grand glacier : Le "Périto Moreno".

Nous passons un moment agréable en compagnie de notre nouveau chauffeur. Luis est marin-pêcheur et connait de nombreuses histoires sur son pays et la mer. Nous partageons un maté avec ce dernier et le trajet passe vite.

La route semble infinie et le vent souffle sur la plaine (de la Bretagne armoricaine #tribudedana, tu peux maintenant le chanter dans ton salon).

Nous commencions à piquer du nez quand un grand fracas nous réveille. Le pare-brise était complètement fissuré. J'ai bien cru que nous allions finir en steaks-hachés. Le capot s'était décroché à cause du vent et s'était fiché devant le conducteur. Sans paniquer, Luis se gare, nous rafistolons le capot à grands coups de pierre et nous repartons doucement. A peine contrarié, il nous emmène gentiment vers un camping et nous demande si nous n'avions pas eu trop peur. Franchement, un petit peu quand même! Nous échangeons nos numéros de téléphone, un copain de plus.

Nous sommes maintenant à El Calafate pour voir le glacier. Nous allons y rester deux semaines avant de repartir plus au nord, sur la route 40.


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El Calafate ; El Lago Argentino



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